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mant fort nettement, bon ami, sobre, laborieus, suppliquant,
sans cesse aus affaires, aimant la gloire sans aucune ambition
démesurée, aimé des siens et de tout ceus qui le connoissoit,
redoute de ses adversaires qu' il n' avoit presque point du tout
s' estant toujours fort attaché a ne se faire point des ennemis,
toujours heureus et réussisant dans ses desseins, qui estoit modérés
par sa sagesse et par son jugement, et ce qui faisoit le comble
de sa gloire et ee qui estoit son premier but et a quoi il aniinoit
incessament les siens, c' estoit le piété et crainte de Dieu; pren-
nant pour son plus grand plesir d' avancer dans les sciences, des
divins mistères et en quoi (sans que j' ose entreprendre d' en
juger) par les qualités surnommée il estoit impossible qu' il n'
eust atteint presque a un degré de perfection.
Je ne spai si je dois me mesier de cliercher le foible de son
esprit, comme j' ai voulu remarquer celui de son corps; en elfet
je n' i ai trouvé a redire si non qu' il avoit un trop grand
fonds de bonté, par lequel en jugant d' autrui par soi-mesme,
il estoit incapable de prendre de méchantes impression des gens,
et aussi il auroit esté sujet a estre trompé quelquefois. De plus,
comme il estoit vif et toujours en action, il estoit assés facile de
lui faire gouster des nouvautés, pourtant de petite conséquenses
et de celles qui ne servoit que pour son divertissement.
En voulant parler du but que monsieur de Geldermalsen c'
estoit mis devant les jieus dans ce mondeil faudra que je remonte
plus haut et que je me mancipe a parler des cboses, qui ont esté
devant mon tens et que je ne s<;ai presque que par conjectures.
Je dirai done que monsieur de Geldermalsen estant jeune et
en entrant dans le monde, se sentit piqué pour se faire connoistre
et se faire distinguer pour tel qu' il estoit, c' est a dire d' uune
naissance plus illustre que ceus de sa province, et inesme que
ceus avec lesquels il avoit esté nouri. II eut un désir extreme
de rémédier a la decadence de sa maison, qu' il trouva fort
flettrie par la multitude des mésalliances, qu' on avoit faites.
11 se santit de plus animé a cela par les sentiments nobles et
genereus qu' il avoit et qui le portèrent toujours a prendre un
autre train de vie que celuy auquel on 1' avoit destiné, ce qui
parut un dessein asses difficile, n'ajant pour lors aucune charge,