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par-dessus sa perte mon absence dans ce moment fatal de sa mort,
et de n' avoir peu recevoir la benediction d' un homequi passera
toujours pour saint dans mon esprit. Je veus prier ardamment
le bon Dieu de m' inspirer telle leijons, comme il m' auroit peu
donner dans cet article, et me faire vivre a son exemple, pour
me trouver aussi toujours en estat de mourir.
III.
Eserivant ces mémoires bien plus de quarante années après
que les ehoses se sont passée, je me apper?ois d' i avoir commis
des fautes, dont je me corrigerais a mesure que je pourais me
souvenir de les avoir commises. En 1' année 168., le Prince se
jugant utile pour ses interests en Angleterre, ou bien i estant
appelé par le Roi son onclea cause des difficultés que lui causoist
le due de Jorck, qui avoist assés ouvertement embrassé la reli
gion Romaine et qui causoist par la des grand embarras au Roi,
le Prince passa en Engleterre. J' eus 1' honeur de 1' accompagner
a ce vojage, qui ne fust que de peu de durée. Je n'entrerais
pas dans un detail ultérieur de ce vojage, qui ne produisoist
auqu'un effect considerable, ou du moins je ne m' en souviens
pas assés pour en faire un récit en détail.
Immédiatement après la mort de mon père, je considérais le
malheur de mon frère agé alors de environs quinse annéeset ainsi
de douse années moins que moiet que il avoist eu le malheur
de perdre ce digne père, sans avoir peu profiter de son exemple,
ni de son crédit. Je considérais secondement que me trouvant
ou du moins me llattant d'estre bien dans 1' esprit du Prince,
il auroist soin de moi, et que ajant tant travailjé a faire ma
fortune pour moi-mesme, il n'estoit pas juste que je profitasse
d' un emplois qui m'avoist esté conféré la demande de mon
père, sans que j' i eusse ou contribué ou mérité par moi-mesme.
Je demandais done au Prince, que il voulust me permettre de
demander ma resignation comme conseiljer et receveur-général de
notre Brabant, et que par le crédit du Prince cet employ
peut estre conféré a mon frère. Le Prince me accorda ma demande
et me promist qu' il iroist au Conseil, lorsque on disposeroist