99 du monde le plus incapable pour cela, et que elle vouloist plus se cacher pour moi que pour tout le reste du monde, par la raison qu' elle scjavoist bien que j' avois dessein sur elle, et mesme que je lui en avois déja fait plusieurs declarations, et tres souvent entretenu sur un tel pied, lui marquant 1'endroist, 1' heureles jours1' occasionet mesme spécifiant les discours. D'Alone me raconta tout cela en bon ami, afin que je peu me preparer a une response, si en cas le Prince eust ce nonobstant continué a vouloir se servir de moi dans une telle occasion, se doutant bien que je n' aurais pas esté trop aise de me faire em- plojer dans une telle matière. En effect des lors je me résolus a ne rien faire pour mon maistre sur ce suject, et a lui refuser mes services tout net, quand mesme pour cela j' eusse deu rompre avec lui, et dans cette pensee j' espérais beaucoup qu'il ne m'en parleroist jamais; je songais mesme a lui oster toute sorte de occasion pour cela, et au mojens comme quoi rompre la grande familiarité qu' il i avoit eue entre la Villers et moi, sanspour- tant lui donner occasion de me brouiljer avec elle, de peur qu' elle ne me mist mal dans 1' esprit de mon maistre, qu' elle pos- sédoist dès lors entièrement. Peu de jours après, la cour arriva a la Haje. Je m' en allais d' abord a mon devoir auprès de mon maistre, qui me receust avec plus de acceuil que de coustume, en me faisant bien des caresses. J'attribue tout cela, comme s'il m' avoist voulu donner un emplastre pour ma maladie passée, que j' avois gagnée par les fatigues en son service, et dont je failjis a ne me remettre jamais. Au disner il me mist avec lui a tablece qui n' estoit pas ordinaire au gentilsliommes de sa maison a la Haje, et après le disner il me fist venir dans sa chambre; il m' i racconta les plesirs qu' il avoist eu a la chasse, auquelles par ma maladie je n' avois peu assister, et les autres divertissements de la cour, a quoi la presence des filjes dhoneur n' avoist pas peu contribuée. Ce discours donna occasion au Prince de donner bien des louanges a la Villers et a me marquer combien il la distinguoist. Durant tout cethiver de 1684 a 1685 le Prince continua a me distinguer et a me gratieuser en me entretenant la plus part du tems sur le mérite de la Villers, mais soist que cette filje 1' eust detourné, par les raisons que j'ai

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Archief | 1916 | | pagina 145