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to urne avec lui sans avoir peu réussir dans mon dessein, comm
je 1' ai déja marque ailjeurs. A mon retour it la cour, le Prince
me receust gratieusementsans me dire mot, au moins dans les
commencements, ni de la lettre qu' il in' avoist escrite, ni des
responses que j' avois eu 1' honeur de lui faire. Deus raisons
m' engagent a ne plus faire mention de cette intrigue galante de
mon maistre; la premiere est que cette conduite de mon maistre
n' ajant eu auqu'unement mon approbation, je lis tout ce que
je peus au monde pour n' avoir auqu'une part lé-dedans, et
ainsi, tout ce que je pourais en avoir sceu, ou par moi-mesme
ou par mes amis, lie fourniroist que une histoire trés incomplette,
outre que les choses se estant passées passé quarantes années,
ma mémoire seroist trop fautive pour en faire un récit, mesine
de ce que je pourais eu avoir sceu. Mon dessin estant d' ailjeurs
de mettre par escrit uniquement pour mes fils les circomstances
essentielies de ma vie a moi, je n' ai pas besoin d' i mesier les
intrigues galantes de mon maistre avec la Villahs (sic)dans les-
quelles aussi bien je n' eu plus de part dans la suite.
J' en reviens done après cette digression a l'année 1688 et al'
expedition sur 1' Angleterredans laquelle j' eus 1' honeur de ac-
compagner mon maistre. Mais avant que de en venir la,jedois
remarquer qu' il i avoist lors déja onse années que j' avois
servi mon maistre avec tout rattachement possible de mon costé,
et que mon maistre in' avoist témoigné du sien, estre content
de moi, qu' il avoist marqué mesme en bien des rescontres me
vouloir distinguer et prendre quelque confiance en moi. Cepandant
jusques a la j' estois trés mal a mon aise, ajant dépensé a son
service non seulement ce que le Prince me donnoist de gages,
mais aussi le revenu de mon emploi de conseiljer et receveur-
général des domaines du Brabant, mais aussi de ce qui pouroist
m' estre venu de 1' heritage de défunct mon père en 1685. En
venant done a 1' expédition fameuse d'Angleterre, je n'i meslerais
rien de historique, eet événement estant suffisament détailjé par
divers escrivains, et ne ferais que poursuivre les événements
particuliers qui concerne ma vie.
Dans le mois d' octobre 1688 la Hotte et les vaisseaux de
transport, au nombre de plus de cinq cent, mirent a la voile