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barque est également l'attribut fréquent de Nehalennia, le
chanoine Drioux, tout en réservant fort prudemment la dénomi-
nation précise de Nehalennia a la seule divinité de Domburg,
se demandait s'il n'aurait pas existé „dans telle ou telle région
du monde celtique, une déesse analogue, présidant, comme
elle et avec les mêmes attributs, aux eaux fluviales ou marines".
Le nouveau bas-relief de Nuits, par la netteté de sa repré-
sentation, apporte un élément de réponse, dont I'importance
n'échappera pas. Dans Ie cadre régional des divinités aquati-
ques a la barque énumérées plus haut, il est naturel de penser
que la barque figurée ici sous le pied de la déesse centrale
comporte une allusion a quelque source ou cours d'eau. Cette
manière de voir est en harmonie parfaite avec la physionomie
religieuse de la station, oü le culte des eaux est trés fortement
attesté 7). Elle concorde du reste avec la signification générale
du groupe. Au nombre des bonheurs et prospérités de toute
rorte attendues des Mères, le sculpteur a voulu faire une place
toute particulière a la Vertu bienfaisante des eaux, dont nos
ancètres éduens avaient un si constant souci. Le rapport des
déesses-mères avec les eaux est par ailleurs bien connu 8).
L'originalité du groupe des Bolards est de préciser cette
spécialité a l'aide de la barque et de l'aviron. II est possible
que la communauté d'attributs, bien incontestable cette fois,
entre les déesses-mères et Nehalennia apporte une contribution
a l'interprétation de Nehalennia elle-même. Nous laissons a
M. Hardenberg, plus qualifié que quiconque, le soin de pré
ciser la portée de ce parallèle et d en tirer toutes les déduc-
tions qu'il comporte.
Emile Thevenot.
7) Une série de trouvailles, pour la plupart encore inédites, font
ressortir la place tenue aux Bolards par les eaux sacrées ou curatives
terres cuites dites de Vénus et déesses-mères, divinités aux colombes,
images d'yeux en pointillé sur feuilles de bronze, jambes votives en bronze
et en pierre, trouvées soit a la station même, soit a deux kilomètres,
a la source thermominérale de la Courtavaux.
8) Outre l'ouvrage de Drioux déja cité, cf. A. Blanchet, Etude sur
les figurines en terre cuite de la Gaule romaine, p. 143152 R. Dau-
vergne, Sources minérales, thermes aux Fontaines-Salées, Paris, 1944,
p. 62 W. Dehn, Ein Quellheiligtum des Apollo und der Sirona bei
Hochscheid, dans: Germania, 1941, p. 104111 (statuettes trouvées dans
un sanctuaire de source).