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Veere, le 2 juillet 1871.
Ma chère mère et soeur!
Votre lettre du 27 juin m'est parvenue. J'ai été vivement frappé par
l'annonce de la mort de notre cousin Ducreton, si inattendu et si subite!
Quel deuil pour toute cette familie qui se trouvait un pen a I'aise grace a
son travail et qui maintenant va se trouver dans la gêne avec tous ces
enfants trop jeunes pour comprendre la perte douloureuse qu'ils viennent
de faire. C'est une terrible legon, ma mere, aussi pour nous; c'est de
n'avoir pas assez de soin pour l'avenir et de vivre au jour le jour sans
compter qu'un jour peut venir qui peut nous arracher l'un de l'autre, sans
laisser de ressources a celui qui reste. Vous voyez quelle existence précaire
procure un salaire fixe, mensuel, et combien la perte est bien plus sensible
quand en perdant le chef, toute la familie perd le gagne pain. Aussi,
depuis longtemps déja j'avais une autre existence en vue 2) et depuis une
quinzaine de jours j'ai poursuivi sérieusement mon plan. En ce moment
je me trouve libre j'ai annoncé a ces messieurs 3) que je ne me charge-
rais plus dorénavant de l'exécution de leurs travaux et ce pour des raisons
que je vous dirai de vive voix; et qu'enfin je voulais tenter la fortune
pour mon propre compte. Cette resolution les a ému vivement, ils m'ont
fait des offres et des promesses pour l'avenir, mais comme j'ai mes
raisons pour ne pas ajouter foi ni aux uns ni aux autres, je me suis tenu
sur la défensive et j'ai refusé leurs offres. J'ai dfl promettre que je conti-
nuerais l'exécution des travaux jusqu'a leur achèvement mais en attendant
je soumissionnerai avec d'autres messieurs 4) pour les travaux qui se
présenteront. II ne s'est fallu que de 1800 florins que nous aurions été
1) Neef Ducreton, commis des Ponts et chaussés te Hasselt, is getrouwd met een
nichtje Pricken, familie van moeder's kant (zie het familiestaatje in Inleiding).
Er is een hechte familieband, onderhouden door brieven, bezoeken en geschen
ken. Matthieu bezoekt de Ducretons herhaaldelijk op doorreis naar of van Luik.
Uit brieven van Matthieu's moeder (27 juni en 11 juli 1871) blijkt dat de
weduwe Ducreton-Pricken achterblijft met 5 kinderen, waarvan de jongste
ongeveer 6 maanden is. Er is een pensioen van fr. 900 en daarenboven fr. 90 voor
elk kind: „avec cela elle saura se tirer d'affaire". (11 juillet 1871).
2) Verg. brief 21, noot 2.
3) In de eerste plaats zijn hier wel de heren Blanchemanche en van de Elshout
bedoeld, waarbij hij sinds 1862 in betrekking is, zie verderop in de brief... ,,si
j'ai pu satisfaire pendant neuf ans aux exigences des autres...": met G. Alberts
Lzn. heeft de verhouding chef - employé meer en meer plaats gemaakt voor die
van vriend en gelijke.
4) Blijkens volgende brieven zijn hier allereerst G. J. Herfkens en L. Alberts Lzn.
bedoeld.
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